«Les Suisses sont assez connus dans le milieu, ils ont remporté la dernière aux Pays-Bas», poursuit Antoine, faisant le tour de son Hansa 303. «Tout est adapté, les bouts sont rassemblés là pour qu’on puisse les tenir, la barre est au centre avec un joystick, la bôme est rehaussée pour qu’on ne la prenne pas sur la tête… Il y a seulement un peu moins de réglages pour les voiles. Ce n’est pas si compliqué, par contre il faut du temps pour se perfectionner.»
Naviguer avec les dents
Sans mains ni pieds, le jovial Patrick Parker navigue, lui, avec les dents. «Ça prend plus de temps, ce n’est pas un avantage dans une course comme celle-ci, plaisante le skipper, mordu de voile depuis des années. J’ai l’habitude d’un Neo495, un quillard plus stable et plus adapté. Pour moi, c’est une façon d’être au milieu des éléments. La voile est un supermoyen d’avoir accès à la liberté et à la vitesse.»
Même ressenti pour Antoine, qui a découvert la voile grâce à la Fondation Étoile Filante il y a plusieurs années. Il n’a pas décroché depuis. «On se sent libre, et on est tous à la même une fois à la barre, valides ou non.»
Les valides? Hormis les quelques équipiers des duos de voile, peu avaient fait le déplacement pour admirer la régate. Un manque d’intérêt que le milieu regrette. «Ça pourrait être une bonne façon de découvrir la discipline, pour les jeunes aussi», poursuit le skipper d’Yvonand.
C’est que la voile pour handicapés, c’est un investissement. Des cours, un rafiot ad hoc, et surtout du temps rien que pour la mise à flot. «Il arrive qu’on repère un joli vent, mais que le temps d’arriver, d’embarquer et de hisser les voiles, le vent soit complètement tombé», sourit-il. Pour une fois, le joran souffle abondamment sur les dizaines de proches et professionnels affairés à mettre les navigateurs à l’eau, tandis qu’un zodiac remettait sur leur cap ceux qui peinaient à trouver bâbord et tribord.
Vendredi, c’est l’équipe française de Gilles Guyon et Olivier Ducruix qui a remporté la première manche. Antoine est arrivé 5e. Dernière régate dimanche.
Erwan Le Bec
(24 heures)